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Vivre sa vie

Une novellisation en vers du film de Jean-Luc Godard

Domaine(s) :
Genre(s) :
ISBN : 2-906131-93-8
Format : 16 x 24 cm
Pagination : 64 pages
Prix : 10€
Parution : mars 2005

Une novellisation n’est en principe rien d’autre que l’adaptation d’un film sous forme de livre. En général, il s’agit d’un sous-produit hollywoodien que les auteurs répugnent à signer de leur vrai nom, tellement le genre est stigmatisé. Mais comme rien ne doit échapper à la poésie, surtout pas les grands films (et Vivre sa vie de Godard, qui vient d’être réédité en DVD, est un chef-d’oeuvre absolu), il arrive qu’on essaie de faire autre chose. Non pour dissimuler le travail de Godard sur la grisaille, mais justement pour le faire ressortir avec plus d’éclat encore.

En 1962, Jean-Luc Godard annonce ainsi son nouveau film : « Un film sur la prostitution qui raconte comment une jeune et jolie vendeuse parisienne donne son corps mais garde son âme alors qu’elle traverse comme des apparences une série d’aventures qui lui font connaître tous les sentiments humains profonds possibles et qui ont été filmés par Jean-Luc Godard et joués par Anne Karina. »

En 2003, Jan Baetens a transposé l’esprit de Vivre sa vie à un recueil de poésie en 15 tableaux qui tentent chacun de rendre le goût et la couleur des images et des péripéties de ce film mythique. Pour ce faire, il s’est appuyé sur les techniques de la « novellisation », cette forme particulière de l’adaptation qui part du film pour aboutir à un livre.

Vivre sa vie fut réédité en format poche dans la collection patrimoniale belge Espace Nord en 2014.

Libération

« Une “novellisation en vers du film de Jean-Luc Godard” qui s’attache au “chatoyant” de la “banalité”. Il y a des sonnets, des vers libres (“une cigarette et la suivante / la cendre partout l’argent”), des pas vers du tout, comme cette liste de titres trouvés sur Amazon.fr en tapant “vivre sa vie” : “Choisir sa vie, vivre ses choix […]. Dieu le père et le salut du monde.” Baetens substitue au regard de Godard un monde qui désire le désaccord. »

Eric Loret, Libération, 31 mars 2005

France Culture (La nuit la poésie)

Omar Berrada invita l’auteur dans son émission « La nuit la poésie » sur les ondes de France Culture pour un entretien autour du livre, le 2 mai 2005.

Les Inrockutpibles

« Tout livre pose à son lecteur la question de son rangement. Mais certains plus que d’autres : par exemple, une fois lu, où placer ce livre de vers écrits par Jan Baetens ? Où classer, dans la bibliothèque, ce texte hybride, hautement improbable, réécriture d’un film de Godard non pas sous la forme industrielle du roman, encore moins sous l’aspect scénaristique du ciné-roman, mais en vers, en alexandrins, en sonnets, en heptasyllabes et j’en passe ? Certainement pas dans la petite section réservée à la poésie contemporaine : car d’emblée on sent bien que ce texte, comme l’écrit Sémir Badir en postface, “cherche à ramener la poésie au coeur des choses, là même où se trouve, depuis longtemps déjà, le cinéma”. Peut-être même l’auteur de ce remake en vers, le poète pour prononcer un mot inaudible aujourd’hui, aimerait-il voir son livre rejoindre la masse des “produits culturels”, dans une section mélangée, presque informe de l’étagère murale, là où se côtoient livres, disques, vieilles VHS et nouveaux DVD. Et peut-être y jouxtera-il alors son oeuvre-source, le film Vivre sa vie réalisé par Jean-Luc Glodard en 1962, avec Anna Karina en jeune et jolie vendeuse devenue prostituée pour payer son loyer. Si la trame narrative de Vivre sa vie affleure encore dans le recueil de Jan Baetens, organisé en quinze séquences poétiques quand Godard découpait son propre film en douze tableaux, le choix de la forme versifiée aboutit à retenir des éclats du film du Godard, des “images” en somme, lieu commun à la poésie et au cinéma : “Moins long que le vers est le temps des cafés/compté entre deux rendez-vous on consomme/sitôt commandé les actions se télescopent/et dans le miroir les hauts du corps.” C’est dire que ce qui intéresse ici Baetens, c’est moins le film que le filmé, c’est moins le cinéma de Godard que ce “monde en noir et blanc” qui s’immisçait dans le champ de sa caméra -l’intérieur d’un café parisien, “une cigarette et la suivante”, “l’esprit de ce temps/amoureux des voitures et du twist“, ou encore cette salle de commissariat où Anna Karina, interrogée par la police, “répète à la manière d’une machine à sous-titrer ce qu’on écrit”. Juste retour du réel : en passant par le cinéma pour offrir à nouveau à la poésie une capacité à saisir le monde, Vivre sa vie participe au passage avec beaucoup de lucidité à la redéfinition d’une “after-littérature” plus que jamais consciente de venir après les images. »

Jean-Max Colard, Les Inrockuptibles, 20 juillet 2005

Revue web Sens Public

«  Né en 1957, Jan Baetens est à la fois chercheur et poète. En tant qu’universitaire, il a consacré de nombreuses études à des objets dénigrés comme la bande-dessinée, le roman-photo ou, justement, la novellisation, domaine critique dans lequel il fait figure de pionnier. En tant qu’écrivain, il pratique diverses formes de poésie à contrainte, fuyant ainsi un lyrisme dont il se méfie farouchement. Cet arrière-plan permet de mieux cerner le projet de Vivre sa vie, novellisation dont l’auteur prend soin de préciser qu’elle est écrite “en vers”, exhibant ainsi le caractère poétique de son œuvre à une époque où la poésie ne se signale plus nécessairement de la sorte. Il affiche ainsi l’écart entre deux pratiques qui peuvent sembler totalement hétérogènes : la novellisation, relevant de la littérature commerciale, et la poésie dans sa forme apparemment la plus convenue (“en vers”), celle qui répond à des exigences métriques. L’auteur s’y impose aussi une contrainte forte : raconter un film, ce qu’il fait en transformant les douze tableaux de Godard en quinze séquences, moyennant de nombreux décrochages et de savants détraquages dont une épigraphe forgée par l’auteur et malicieusement attribuée à Bazin. »

Nadja Cohen, Revue web Sens Public, 9 avril 2018

Lire l’article complet sur le site de Sens Public

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